Collection 
Haïti
(2018)

Ce corpus d’œuvres a été réalisé avant et après un voyage humanitaire effectué en Haïti du 28 novembre au 5 décembre 2018. Ce voyage fut une occasion pour moi d’aller à la rencontre des gens de ce pays maintes fois dévasté, mais dont la chaleur humaine n’a d’égale que ceux des rayons du soleil qui irradient cette terre malmenée. Au cours de ce périple, j’ai eu la chance unique de laisser une part de moi, en réalisant une murale collective sur les murs d’une école préscolaire de campagne fréquentée par des enfants âgés de 3 à 5 ans. Ces enfants ont l’opportunité inestimable de recevoir une éducation de qualité, exempte de violence de surcroît (la violence envers les enfants étant un phénomène répandu en Haïti). De ce fait, ils deviendront les premiers à être scolarisés dans leur famille, leurs parents et leurs grands-parents étant analphabètes.

 

Dans les moments qui ont précédé ce voyage, et longtemps après également, une multitude d’’émotions m’ont traversé le cœur et le corps. De l’excitation à la peur, en passant par le rêve et la vulnérabilité, j’ai choisi de rester attentive à ce vécu et de l’exprimer à travers cette série d’œuvres. Les panneaux de merisier ce sont tout naturellement imposés à moi, comme le symbole de l’aspect brut de ces ressentis que j’allais y déposer. La présence de filaments de broche ou de fil mis en relief à la surface des panneaux représente le mouvement et la fugacité des émotions. Les différents types de papiers et de cartons collés sur les panneaux illustrent la texture de ces ressentis : leur aspect rugueux, dérangeant et irrégulier, mais qui en même temps, apportent de la profondeur à nos expériences humaines.

 

Ce corpus d’œuvres a pour but de représenter la transformation intérieure que m’a fait vivre ce voyage, que je qualifierais d’initiatique au sens où les événements auxquels j’ai été confrontée ont contribué à élever ma conscience et à m’affranchir de certaines croyances… Ainsi, je me suis sentie renaître à moi-même et cela a eu pour effet de me permettre de poser un regard différent sur la vie. Cette vie qui a tant à offrir et qui trop souvent se voit ignorée pour toutes sortes de raisons plus étranges les unes que les autres : la peur, le manque de confiance, les obstacles, l’inconnu… Des chimères qui nous paralysent et nous empêchent d’être ce que l’on est et de devenir ce que l’on peut être. Ce périple m’aura donc permis d’aller à la rencontre d’un peuple généreux et accueillant certes, mais il m’aura surtout permis d’aller à la rencontre de moi-même… Accepter de se rencontrer est une expérience troublante, car il implique d’accueillir ce que l’on est, tel que l’on est. Et comme dans tous les voyages, il arrive souvent que l’on fasse de précieuses découvertes...