Collection
Les passages intérieurs
(2021-2022)

Conçu durant la pandémie, le présent projet s’est présenté à moi sous la forme d’une enquête. Les oeuvres qui en ont émergé m’ont en effet déstabilisée, car elles mettaient en vedette le motif récurrent de la montagne et des formes y étant reliées (triangles, creux, reliefs), tout à fait inusité dans ma production artistique. En parallèle, une envie irrésistible de relire Le petit prince de Saint-Exupéry s’est mêlée de la partie, ajoutant l’intrigue au mystère. Inspirée par certaines phrases du Petit prince, j’en ai sélectionné certaines qui m’ont permis d’intituler les oeuvres du corpus Les passage intérieurs.

Confiante en mon processus d’enquête/création, je n’ai pas cherché à provoquer l’aboutissement de l’intrigue, entretenant la magie qui opérait. Puis, soudain, en regardant un reportage animalier se déroulant dans les montagnes de l’Afrique du Sud, l’un des derniers pays que j’aie visités à l’été 2019, l’enquête s’est résolue de manière limpide et évidente : mon âme avait trouvé la voie de ma créativité pour que l’exploratrice-voyageuse en moi explore ce qu’il peut y avoir au-delà de la découverte du monde physique. La pandémie ayant cloué la planète au sol, l’aventurière en moi a dû envisager la possibilité de ne plus pouvoir voyager… De plus, le répit offert à la planète lors du confinement a confronté mes croyances et mes valeurs à l’égard des voyages internationaux, m’amenant à me questionner sur la pertinence d’entretenir cette ambition de parcourir le monde. Qu’y a-t-il donc à explorer qui puisse me transporter plus haut que moi, au-delà de la découverte de notre planète?

Ma démarche de création m’a donc conduite à emprunter des passages intérieurs, à (re)visiter mes chemins privés et mes contrées intimes. Le corpus d’oeuvres présenté ici propose au spectateur de renouer avec son intériorité dotée de ressources, de potentiel infini et de rêves. À travers la profondeur des textures et la palette de couleurs qui animent les oeuvres, il invite celui qui contemple à prendre conscience de l’immensité de son âme. Il l’appelle à rencontrer sa complétude, en touchant du doigt ses facettes féminine et masculine, polarités symbolisées par les montagnes qui m’ont habitée tout au long de mon parcours créatif. Il le convie, finalement, à réinterpréter ce message-clé de l’oeuvre grandiose qu’est Le petit prince : On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. Et si on partait à la découverte du monde en nous?